Léonie Fuzier est une artiste-peintre française, née à Poissy et vivant aujourd’hui à Saint-Étienne avec son mari et ses trois enfants. Tout au long de cet article, elle a accepté de répondre à mes questions sur sa pratique, ses inspirations, ses challenges et ses projets créatifs en tant qu’artiste et maman.
Les peintures de Léonie véhiculent beaucoup de douceur et semblent inviter au voyage dans un univers coloré, acidulé mais toujours paisible. Avec son témoignage, elle nous montre non seulement que nos études, même si elles ne sont pas intrinsèquement artistiques, n’empêchent pas de s’adonner à une pratique créative mais aussi qu’il est possible de concilier une vie de maman et une vie d’artiste pour s’épanouir pleinement. Son secret ? Sans doute d’accepter que la motivation, l’inspiration et donc la production d’œuvres, ne sont pas toujours constantes…
Très bonne lecture à toutes et à tous et encore un grand merci à Léonie pour la sincérité avec laquelle elle a répondu à toutes mes questions ! Rendez-vous en fin d’article pour découvrir son site internet et son compte Instagram.
Bonjour Léonie ! Peux-tu me raconter comment tu as découvert la peinture ? As-tu suivi une formation ? Raconte-moi un peu ton parcours.
L : Après avoir eu mon bac littéraire option mathématique, j’ai choisi de faire une prépa artistique de 2012 à 2013 à Paris. Avant je ne peignais pas du tout mais je dessinais et m’intéressais au numérique. C’est dans ce cadre-là que j’ai vraiment commencé à peindre et que j’ai réalisé que j’aimais beaucoup ça. À la fin de ma prépa je pensais m’inscrire aux concours pour continuer mes études artistiques dans la capitale. Mais à ce même moment, je me suis fiancée avec l’homme qui est devenu mon mari. Je ne me voyais alors pas m’engager sur 5 années d’études à Paris, alors que lui n’y vivait pas.
Je me suis donc réorientée dans le social, un secteur qui m’intéressait beaucoup aussi depuis le lycée. J’ai ainsi eu mon BTS économie sociale et familiale (ESF) au bout de 2 ans, après quoi nous avons eu nos enfants. J’ai par la suite fait des petits boulots et depuis 2021 je suis hôtesse d’accueil. Un travail que je qualifie entre guillemets de “boulot alimentaire” [Léonie considérant son activité d’artiste-peintre comme une activité à part entière].
Quelles sont les principales influences qui t’ont marquée dans cette voie artistique ?
L : Le cours impressionniste, Klimt, Van Gogh, Monet et tous leurs univers. C’est par ailleurs en découvrant les jardins de Klimt que j’ai moi-même commencé à peindre mes séries de jardins. Avant cette découverte, rien ne me plaisait dans l’idée de peindre des fleurs, je trouvais les natures mortes et les peintures de paysage bien souvent un peu niaises et sans intérêt. Ce sont vraiment les représentations de Klimt qui m’ont amené à reconsidérer mon opinion et à me mettre à ce type de peintures moi aussi !
Gustav Klimt, Jardin de campagne, 1905-1907
Léonie Fuzier, Petit jardin fleuri #3, 2022
Quel style attribues-tu à tes tableaux ?
L : Si je me fonde sur ce que l’on me dit, les termes qui reviennent souvent pour décrire mes tableaux, c’est que mon style est assez naïf, à mi-chemin entre l’abstrait et le réalisme. Je ne me mets pas vraiment de contraintes, donc c’est difficile de définir mes tableaux, mais je crois qu’un adjectif qui revient quasiment tout le temps c’est le mot “coloré”. Je me laisse vraiment guider par mon “feeling”, ce qui donne des rendus assez aléatoires en fin de compte.
Ciel#2, 2018
Jardin au rosier blanc, 2022
Femme allongée sur le côté #2, 2021
Quels types de peinture et d’outils (pinceaux et/ou autres) préfères-tu utiliser et pourquoi ?
L : J’utilise des toiles en coton principalement, mais il m’arrive d’en employer en lin également. J’utilise de la peinture acrylique. En ce qui concerne les pinceaux, je n’ai pas vraiment de critères de sélection, j’utilise des pinceaux random de tous les formats, de toutes les tailles et de toutes les marques (par exemple, je peux très bien en acheter à Lidl !). Auparavant j’utilisais des éponges, mais moins maintenant. Les pinceaux restent les outils qui se prêtent le plus à mon style et aux résultats que je vise, c’est pour ça que je préfère les utiliser.
Où puises-tu ton inspiration ?
Souvent je regarde des photos et des tableaux de jardins, de fleurs, qui me permettent de me donner des idées de compositions. Je les trouve principalement sur les réseaux sociaux : je suis beaucoup d’artistes sur Instagram par exemple, qui me permettent de m’inspirer.
Quel est le tableau dont tu es le plus fière ?
Je ne sais pas trop répondre…! Je crois que je ne pourrais pas forcément choisir un tableau de ma série des Jardins. Il s’agirait plus d’un tableau qui a demandé des compétences techniques plus poussées. Je pense notamment au portrait de mon beau-frère et de son cousin que j’ai dû faire à partir d’une photo en noir et blanc. C’était une performance technique dans le sens où il fallait que mon tableau ressemble à la photo initiale qui était particulièrement sombre et je suis assez fière du résultat, même si stylistiquement il n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres en tant qu’artiste et maman ?
Je dirai que les difficultés que je rencontre sont plutôt liées à notre situation, à mon mari et moi. Je n’ai pas vraiment de difficultés techniques à proprement dit dans mon travail, j’en rencontre plus dans la mise en place de mon set, parce que je n’ai pas d’atelier — non pas que ce soit absolument nécessaire, mais c’est vrai que c’est plus confortable.
Actuellement, avec mes 3 enfants qui sont relativement jeunes, je suis obligée de ranger après chaque séance de peinture. Je dirai donc que la difficulté que je rencontre le plus couramment réside dans le fait de trouver une motivation constante, qui est du coup facilement ébranlée par les installations et les désinstallations de mon “set”, ce qui me prend mine de rien beaucoup de temps. Les productions vers lesquelles je tends ne me permettent pas de simplement arriver avec mes pinceaux et de me poser rapidement.
Comment imagines-tu l’évolution de ton activité dans les prochaines années ?
Sincèrement, c’est en dents de scie. On a pour projet de trouver une nouvelle maison, dans laquelle l’idée serait que je puisse avoir un atelier. Je pourrais ainsi facilement remettre le nez dans la peinture, l’organisation et la participation à des expos, etc. Je pourrais finalement mieux appréhender ma vie en tant qu’artiste ET maman !
As-tu un projet ou une collaboration à venir dont tu aimerais me parler ?
J’ai notamment une piste pour exposer dans un restaurant à Avignon, sans certitude que ça aboutisse, mais cela reste motivant.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait essayer la peinture ?
C’est une bonne question ! Je dirai de ne pas se bloquer — comme moi-même j’ai pu l’être — par des attentes esthétiques dans le sens où, souvent, on veut tout de suite que nos essais rendent exactement comme on se les imagine.
Personnellement, avec le recul, je me suis bloquée pour des choses “bêtes” : je n’osais pas utiliser beaucoup de couleurs, j’avais peur que mes travaux paraissent niais. C’est peut-être le cas d’ailleurs, mais disons que je m’en moque aujourd’hui. Il faut oser explorer des choses et d’autres. Surtout, il faut passer le cap de se lancer !
Techniquement, je conseillerai plus de s’essayer à la peinture avec de l’acrylique. L’huile est plus coûteuse et plus complexe à travailler alors que l’acrylique sèche vite et permet de faire des superpositions sympas, ce qui permet d’avoir un résultat satisfaisant assez rapidement ! Il ne faut pas se laisser freiner par le matériel. Pourquoi ne pas prendre un bout de carton pour voir si ça nous plaît au début ? Je pense qu’on a tort de croire qu’on commence mieux la peinture en ayant du bon matériel. Il vaut mieux tester et s’entraîner sur des supports accessibles, en se disant que si tel quel le rendu nous plaît, alors avec du bon matériel la pratique ne pourra que s’embellir dans le futur.
Y a t-il des artistes que tu suis de près en ce moment ?
Question complexe à laquelle je ne pourrais pas vraiment répondre précisément. Je suis plein d’artistes, notamment sur Instagram, j’en découvre quotidiennement et c’est représentatif du côté magique que peuvent avoir les réseaux sociaux. Je ne suis personne de près particulièrement en ce moment, mais la pluralité d’artistes que je suis ont des styles très différents m’enrichissent de manière inconsciente.
Pour en découvrir davantage sur le travail de Léonie, rendez-vous sur son compte Instagram. Vous pouvez également visualiser tous ses travaux sur son site internet.
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